Page:Les Gaietés de Béranger.djvu/11

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Elle interrompait sa romance :
« Montez chez moi, messieurs, montez ;
« J’ai des appas, messieurs, tâtez ;
« Venez, nous ferons connaissance.
« J’aurai beaucoup de complaisance,
« Beaucoup, beaucoup de complaisance. »

Par respect pour sa noble dame,
Disait Justine en roucoulant,
De la France Ogier s’exilant,
Au désespoir livre son âme ;
Sa dame par ses cruautés,
Le contraint à fuir sa présence :
« Montez chez moi, etc. »

J’adore, hélas ! ma suzeraine,
S’écrie Ogier, versant des pleurs ;
J’ai fait triompher ses couleurs
Sans la voir sensible à ma peine.
Sous ses yeux chers et redoutés
Mourir était mon espérance…
« Montez chez moi, etc. »

Mais je pars, ô dame chérie !
J’accomplis un ordre inhumain ;
Pour avoir baisé votre main
Vous m’exilez de ma patrie !
De tant de soupirs rejetés
Qu’un soupir soit la récompense…
« Montez chez moi, etc. »