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EN BELLE HUMEUR


dame, dit le père d’un air malicieux, imitez la prude et sage Maintenon en apparence ; vous ne pouvez jamais manquer de faire accroire à tout le monde que vous avez un saint commerce avec les anges et les bienheureux, et que vous avez renoncé entièrement aux plaisirs des sens, et que vous vous donnez entièrement à Dieu. — C’est ce que je ferai, mon père, quoique je n’aime point cette hypocrite qui exorcise les esprits de Saint-Cyr par ses grimaces. — Ah ! madame, repartit le père La Chaise, ne raillez point cette pieuse dame que notre grand roi aime tant. — En vérité, mon cher père, reprit la marquise d’un air sincère, je ne raille point ; ce que je vous dis vient de l’abbé Saurin un de ses bons amis, qui m’a dit dernièrement que par ses signes de croix et par son eau bénite elle chassa l’autre jour un esprit follet qui vouloit lui parler dans l’église de son diocèse, ajoutant que c’étoit la raison pourquoi Louis XIV la chérissoit tant, parce qu’elle éloignoit de sa majesté toutes les visions qui la pourroient troubler. — Madame, interrompit le jésuite finement, la pensée de l’abbé Saurin est plus à l’avantage de cette dame que vous ne croyez ; il entend par là que son esprit étant tout sublime, tout pathétique, tout brillant et tout solide, elle dissipe et écarte tous les nuages qui pourvoient chagriner notre grand monarque. — Il faut avouer, mon père, que