Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/97

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pour s’abriter de la pluie. Ils sont capables de chevaucher dix jours sans manger de viande et sans faire de feu. Ils vivent alors du sang de leurs chevaux. Ils leur saisissent la veine, la font saigner et appliquent leur bouche jusqu’à ce qu’ils soient rassasiés. Ensuite ils ferment la plaie.

Ils dessèchent le lait et en font une pâte qu’ils transportent avec eux. Quand ils veulent manger, ils mettent cette pâte dans de l’eau qu’ils battent jusqu’à ce que le lait soit dissous. Alors ils le boivent.

Dans la bataille, ils n’ont point de honte à fuir, mais en fuyant, ils combattent aussi bien que dans le corps à corps, car ils se retournent, tirent de leurs arcs très adroitement et causent de très grandes pertes à leurs ennemis. Ils ont dressé leurs chevaux à se tourner en tout sens avec une promptitude merveilleuse et mieux que ne ferait un chien. Ceux qui les poursuivent croient tenir la victoire, mais quand les Tartares voient qu’ils leur ont tué ou blessé beaucoup d’hommes et de chevaux, ils se retournent et vont tous ensemble au combat en si belle ordonnance et avec de si grands cris qu’ils mettent promptement l’ennemi en déconfiture, car dans l’action ils se montrent courageux, forts et résistants. Ainsi au moment où leurs adversaires ne songent plus qu’à la poursuite, ils sont perdus, car les Tartares font volte face sitôt que le moment leur paraît favorable. Cette tactique leur a déjà valu de nombreuses victoires.

Je vous ai dit la vie et les mœurs des Tartares de race pure. Mais en ce moment, ils sont bien dégé-