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CONTES ARABES.

pitoyables en se frappant le visage et en s’arrachant les cheveux ; les enfans, fondant en pleurs, faisoient retentir la maison de leurs gémissemens ; et le père, cédant à la force du sang, mêloit ses larmes à leurs plaintes. En un mot, c’étoit le spectacle du monde le plus touchant.

Dès le lendemain, le marchand songea à mettre ordre à ses affaires et s’appliqua sur toutes choses à payer ses dettes. Il fit des présens à ses amis et de grandes aumônes aux pauvres, donna la liberté à ses esclaves de l’un et l’autre sexe, partagea ses biens entre ses enfans, nomma des tuteurs pour ceux qui n’étoient pas encore en âge ; et en rendant à sa femme tout ce qui lui appartenoit, selon son contrat de mariage, il l’avantagea de tout ce qu’il put lui donner suivant les lois.

Enfin l’année s’écoula, et il fallut partir. Il fit sa valise, où il mit le drap dans lequel il devoit être enseveli ; mais lorsqu’il voulut dire adieu à sa femme et à ses enfans, on