négocier dans les pays étrangers. Dans ce dessein, il vendit tout son fonds, et en acheta des marchandises propres au négoce qu’il vouloit faire.
» Il partit, et fut absent une année entière. Au bout de ce temps-là, un pauvre qui me parut demander l’aumône, se présenta à ma boutique. Je lui dis : « Dieu vous assiste. » « Dieu vous assiste aussi, me répondit-il ; est-il possible que vous ne me reconnoissiez pas ? « Alors l’envisageant avec attention, je le reconnus. « Ah ! mon frère, m’écriai-je en l’embrassant, comment vous aurois-je pu reconnoître en cet état ? » Je le fis entrer dans ma maison, je lui demandai des nouvelles de sa santé et du succès de son voyage. « Ne me faites pas cette question, me dit-il ; en me voyant, vous voyez tout. Ce seroit renouveler mon affliction, que de vous faire le détail de tous les malheurs qui me sont arrivés depuis un an, et qui m’ont réduit à l’état où je suis. »
» Je fis aussitôt fermer ma bouti-