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LES MILLE ET UNE NUITS,

toi, ô génie : si j’avois pu te fléchir et obtenir de toi la grâce que je te demandois, j’aurois présentement pitié de l’état où tu es ; mais puisque malgré l’extrême obligation que tu m’avois de t’avoir mis en liberté, tu as persisté dans la volonté de me tuer, je dois, à mon tour, être impitoyable. Je vais, en te laissant dans ce vase et en te rejetant à la mer, t’ôter l’usage de la vie jusqu’à la fin des temps : c’est la vengeance que je prétends tirer de toi. »

« Pêcheur, mon ami, répondit le génie, je te conjure encore une fois de ne pas faire une si cruelle action. Songe qu’il n’est pas honnête de se venger, et qu’au contraire il est louable de rendre le bien pour le mal ; ne me traite pas comme Imma traita autrefois Ateca. » « Et que fit Imma à Ateca, répliqua le pêcheur ? » « Oh si tu souhaites de le savoir, repartit le génie, ouvre-moi ce vase ; crois-tu que je sois en humeur de faire des contes dans une prison si étroite ? Je t’en ferai tant que tu voudras quand