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CONTES ARABES.

de Zobéïde, la chienne qu’il tenoit commença à faire des cris, et se tourna vers Zobéïde en levant la tête d’une manière suppliante. Mais Zobéïde, sans avoir égard à la triste contenance de la chienne qui faisoit pitié, ni à ses cris qui remplissoient toute la maison, lui donna des coups de fouet à perte d’haleine ; et lorsqu’elle n’eut plus la force de lui en donner davantage, elle jeta le fouet par terre ; puis prenant la chaîne de la main du porteur, elle leva la chienne par les pattes ; et se mettant toutes deux à se regarder d’un air triste et touchant, elles pleurèrent l’une et l’autre. Enfin, Zobéïde tira son mouchoir, essuya les larmes de la chienne, la baisa ; et remettant la chaîne au porteur : « Allez, lui dit-elle, remenez-la où vous l’avez prise, et amenez-moi l’autre. »

Le porteur remena la chienne fouettée au cabinet ; et en revenant, il prit l’autre des mains d’Amine, et l’alla présenter à Zobéïde qui l’attendoit. « Tenez-la comme la première,