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LES MILLE ET UNE NUITS,

s’il nous arrivoit quelque malheur. Il n’y a pas d’apparence qu’elles aient exigé de nous cette promesse, sans être en état de nous faire repentir, si nous ne la tenons pas. »

En cet endroit, le visir tira le calife à part, et lui parlant tout bas : « Seigneur, poursuivit-il, la nuit ne durera pas encore long-temps ; que votre majesté se donne un peu de patience. Je viendrai prendre ces dames demain matin, je les amènerai devant votre trône, et vous apprendrez d’elles tout ce que vous voulez savoir. » Quoique ce conseil fût très-judicieux, le calife le rejeta, imposa silence au visir, en lui disant qu’il ne pouvoit attendre si longtemps, et qu’il prétendoit avoir à l’heure même l’éclaircissement qu’il desiroit.

Il ne s’agissoit plus que de savoir qui porteroit la parole. Le calife tâcha d’engager les Calenders à parler les premiers ; mais ils s’en excusèrent. À la fin, ils convinrent tous ensemble que ce seroit le porteur. Il se préparoit à faire la question fatale, lorsque