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CONTES ARABES.

gina qu’elle ne lui feroit pas ôter la vie, lorsqu’elle seroit informée de son rang. C’est pourquoi il dit tout bas au visir, qui étoit près de lui, de déclarer promptement qui il étoit. Mais le visir, prudent et sage, desiroit sauver l’honneur de son maître, et ne voulant pas rendre public le grand affront qu’il s’étoit attiré lui-même, il répondit seulement : « Nous n’avons que ce que nous méritons. » Mais quand, pour obéir au calife, il auroit voulu parler, Zobéïde ne lui en auroit pas donné le temps. Elle s’étoit déjà adressée aux Calenders, et les voyant tous trois borgnes, elle leur demanda s’ils étoient frères. Un d’entr’eux lui répondit pour les autres : « Non, madame, nous ne sommes pas frères par le sang ; nous ne le sommes qu’en qualité de Calenders, c’est-à-dire, en observant le même genre de vie. » « Vous, reprit-elle, en parlant à un seul en particulier, êtes-vous borgne de naissance ? » « Non, madame, répondit-il, je le suis par une aventure si