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CONTES ARABES.

me demanda si j’en savois quelqu’un dont je pusse vivre sans être à charge à personne. Je lui répondis que je savois l’un et l’autre droit, que j’étois grammairien, poète, et sur-tout que j’écrivois parfaitement bien. « Avec tout ce que vous venez de dire, répliqua-t-il, vous ne gagnerez pas dans ce pays-ci de quoi vous avoir un morceau de pain ; rien n’est ici plus inutile que ces sortes de connoissances. Si vous voulez suivre mon conseil, ajouta-t-il, vous prendrez un habit court ; et comme vous me paroissez robuste et d’une bonne constitution, vous irez dans la forêt prochaine faire du bois à brûler ; vous viendrez l’exposer en vente à la place, et je vous assure que vous vous ferez un petit revenu, dont vous vivrez indépendamment de personne. Par ce moyen, vous vous mettrez en état d’attendre que le ciel vous soit favorable, et qu’il dissipe le nuage de mauvaise fortune qui traverse le bonheur de votre vie, et vous oblige à cacher votre naissance. Je me