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LES MILLE ET UNE NUITS,

charge de vous faire trouver une corde et une cognée. »

» La crainte d’être reconnu, et la nécessité de vivre, me déterminèrent à prendre ce parti, malgré la bassesse et la peine qui y étoient attachées. Dès le jour suivant, le tailleur m’acheta une cognée et une corde, avec un habit court ; et me recommandant à de pauvres habitans qui gagnoient leur vie de la même manière, il les pria de me mener avec eux. Ils me conduisirent à la forêt ; et dès le premier jour, j’en rapportai sur ma tête une grosse charge de bois, que je vendis une demi-pièce de monnoie d’or du pays ; car quoique la forêt ne fût pas éloignée, le bois néanmoins ne laissoit pas d’être cher en cette ville, à cause du peu de gens qui se donnoient la peine d’en aller couper. En peu de temps je gagnai beaucoup, et je rendis au tailleur l’argent qu’il avoit avancé pour moi.

» Il y avoit déjà plus d’une année que je vivois de cette sorte, lorsqu’un jour ayant pénétré dans la forêt plus