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CONTES ARABES.

frappant du pied, il s’y enfonça, et aussitôt je me trouvai dans le palais enchanté, devant la belle princesse de l’isle d’Ébène. Mais hélas, quel spectacle ! Je vis une chose qui me perça le cœur. Cette princesse étoit nue et toute en sang, étendue sur la terre, plus morte que vive et les joues baignées de larmes. « Perfide, lui dit le génie en me montrant à elle, n’est-ce pas là ton amant ? » Elle jeta sur moi ses jeux languissans, et répondit tristement : « Je ne le connois pas ; jamais je ne l’ai vu qu’en ce moment. » « Quoi, reprit le génie, il est cause que tu es dans l’état où te voilà si justement, et tu oses dire que tu ne le connois pas ! » « Si je ne le connois pas, repartit la princesse, voulez-vous que je fasse un mensonge qui soit la cause de sa perte ? » « Hé bien, dit le génie, en tirant un sabre, et le présentant à la princesse, si tu ne l’as jamais vu, prends ce sabre et lui coupe la tête. » « Hélas, dit la princesse, comment pourrois-je exécuter ce que vous exi-