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LES MILLE ET UNE NUITS,

gez de moi ? Mes forces sont tellement épuisées, que je ne saurois lever le bras ; et quand je le pourrois, aurois-je le courage de donner la mort à une personne que je ne connois point, à un innocent ? » « Ce refus, dit alors le génie à la princesse, me fait connoître tout ton crime. » Ensuite se tournant de mon côté : « Et toi, me dit-il, ne la connois-tu pas ? »

» J’aurois été le plus ingrat et le plus perfide de tous les hommes, si je n’eusse pas eu pour la princesse la même fidélité qu’elle avoit pour moi, qui étois la cause de son malheur.

» C’est pourquoi je répondis au génie : « Comment la connoîtrois-je, moi qui ne l’ai jamais vue que cette seule fois ? » « Si cela est, reprit-il, prends donc ce sabre, et coupe-lui la tête. C’est à ce prix que je te mettrai en liberté, et que je serai convaincu que tu ne l’as jamais vue qu’à présent, comme tu le dis. » « Très-volontiers, lui repartis-je. Je pris le sabre de sa main…

« Mais, sire, dit Scheherazade en