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LES MILLE ET UNE NUITS,

pis une grosse branche d’arbre, je la tirai après moi dans la mer, et me mis dessus, jambe de-çà, jambe de-là, avec un bâton à chaque main, pour me servir de rames.

» Je voguai dans cet état, et m’avançai vers le vaisseau. Quand j’en fus assez près pour être reconnu, je donnai un spectacle fort extraordinaire aux matelots et aux passagers qui parurent sur le tillac. Ils me regardoient tous avec une grande admiration. Cependant j’arrivai à bord ; et me prenant à un cordage, je grimpai jusques sur le tillac. Mais comme je ne pouvois parler, je me trouvai dans un terrible embarras. En effet, le danger que je courus alors, ne fut pas moins grand que celui d’avoir été à la discrétion du génie.

» Les marchands superstitieux et scrupuleux crurent que je porterois malheur à leur navigation, si on me recevoit ; c’est pourquoi l’un dit : « Je vais l’assommer d’un coup de maillet. » Un autre : « Je veux lui passer une flèche au travers du corps. » Un