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CONTES ARABES.

autre : « Il faut le jeter à la mer. » Quelqu’un n’auroit pas manqué de faire ce qu’il disoit, si, me rangeant du côté du capitaine, je ne m’étois pas prosterné à ses pieds ; mais le prenant par son habit, dans la posture de suppliant, il fut tellement touché de cette action et des larmes qu’il vit couler de mes yeux, qu’il me prit sous sa protection, en me menaçant de faire repentir celui qui me feroit le moindre mal. Il me fit même mille caresses. De mon côté, au défaut de la parole, je lui donnai par mes gestes toutes les marques de reconnoissance qu’il me fut possible.

» Le vent, qui succéda au calme, ne fut pas fort ; mais il fut favorable : il ne changea point durant cinquante jours, et il nous fit heureusement aborder au port d’une belle ville très-peuplée et d’un grand commerce, où nous jetâmes l’ancre. Elle étoit d’autant plus considérable, que c’étoit la capitale d’un puissant état.

» Notre vaisseau fut bientôt environné d’une infinité de petits bateaux,