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CONTES ARABES.

bouche jusqu’à ce qu’ils vinrent à se prendre corps à corps. Alors les deux feux s’augmentèrent, et jetèrent une fumée épaisse et enflammée qui s’éleva fort haut. Nous craignîmes avec raison, qu’elle n’embrasât tout le palais ; mais nous eûmes bientôt un sujet de crainte beaucoup plus pressant ; car le génie s’étant débarrassé de la princesse, vint jusqu’à la galerie où nous étions, et nous souffla des tourbillons de feux. C’étoit fait de nous, si la princesse, accourant à notre secours, ne l’eût obligé, par ses cris, à s’éloigner et à se garder d’elle. Néanmoins, quelque diligence qu’elle fît, elle ne put empêcher que le sultan n’eût la barbe brûlée et le visage gâté ; que le chef des eunuques ne fût étouffé et consumé sur le champ, et qu’une étincelle n’entrât dans mon œil droit, et ne me rendît borgne. Le sultan et moi nous nous attendions à périr ; mais bientôt nous ouïmes crier : « Victoire, Victoire ; » et nous vîmes tout-à-coup paroître la princesse sous sa forme naturelle et le