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CONTES ARABES.

n’avoit vu que le ciel et la mer qui bornassent l’horizon ; mais que devant lui, du côté où nous avions la proue, il avoit remarqué une grande noirceur.

» Le pilote changea de couleur à ce récit, jeta d’une main son turban sur le tillac, et de l’autre se frappant le visage : « Ah ! sire, s’écria-t-il, nous sommes perdus ! Personne de nous ne peut échapper au danger où nous nous trouvons ; et avec toute mon expérience, il n’est pas en mon pouvoir de nous en garantir. » En disant ces paroles, il se mit à pleurer comme un homme qui croyoit sa perte inévitable ; et son désespoir jeta l’épouvante dans tout le vaisseau. Je lui demandai quelle raison il avoit de se désespérer ainsi. « Hélas ! sire, me répondit-il, la tempête que nous avons essuyée, nous a tellement égarés de notre route, que demain à midi nous nous trouverons près de cette noirceur, qui n’est autre chose que la Montagne Noire ; et cette Montagne Noire est une mine d’aimant, qui dès-à-présent