Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/446

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
410
LES MILLE ET UNE NUITS,

autre mot. Je m’assis ; et l’homme de bronze recommença de ramer en s’éloignant de la montagne. Il vogua sans discontinuer jusqu’au neuvième jour que je vis des isles, qui me firent espérer que je serois bientôt hors du danger que j’avois à craindre. L’excès de ma joie me fit oublier la défense qui m’avoit été faite : « Dieu soit béni, dis-je alors ! Dieu soit loué ! »

» Je n’eus pas achevé ces paroles, que la chaloupe s’enfonça dans la mer avec l’homme de bronze. Je demeurai sur l’eau, et je nageai le reste du jour du côté de la terre qui me parut la plus voisine. Une nuit fort obscure succéda ; et comme je ne savois plus où j’étois, je nageois à l’aventure. Mes forces s’épuisèrent à la fin, et je commençois à désespérer de me sauver, lorsque le vent venant à se fortifier, une vague plus grosse qu’une montagne, me jeta sur une plage, où elle me laissa en se retirant. Je me hâtai aussitôt de prendre terre, de crainte qu’une autre vague ne me re-