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CONTES ARABES.

dans sa mémoire les plus cruelles réflexions. Toutes les circonstances de l’infidélité de la reine se présentoient si vivement à son imagination, qu’il en étoit hors de lui-même. Enfin, ne pouvant dormir, il se leva ; et se livrant tout entier à des pensées si affligeantes, il parut sur son visage une impression de tristesse que le sultan ne manqua pas de remarquer. « Qu’a donc le roi de Tartarie, disoit-il ? Qui peut causer ce chagrin que je lui vois ? Auroit-il sujet de se plaindre de la réception que je lui ai faite ? Non : je l’ai reçu comme un frère que j’aime, et je n’ai rien là-dessus à me reprocher. Peut-être se voit-il à regret éloigné de ses états ou de la reine sa femme. Ah ! si c’est cela qui l’afflige, il faut que je lui fasse incessamment les présens que je lui destine, afin qu’il puisse partir quand il lui plaira, pour s’en retourner à Samarcande. » Effectivement, dès le lendemain il lui envoya une partie de ces présens, qui étoient composés de tout ce que les Indes produisent de plus