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LES MILLE ET UNE NUITS,

rare, de plus riche et de plus singulier. Il ne laissoit pas néanmoins d’essayer de le divertir tous les jours par de nouveaux plaisirs ; mais les fêtes les plus agréables, au lieu de le réjouir, ne faisoient qu’irriter ses chagrins.

Un jour Schahriar ayant ordonné une grande chasse à deux journées de sa capitale, dans un pays où il y avoit particulièrement beaucoup de cerfs, Schahzenan le pria de le dispenser de l’accompagner, en lui disant que l’état de sa santé ne lui permettoit pas d’être de la partie. Le sultan ne voulut pas le contraindre, le laissa en liberté et partit avec toute sa cour pour aller prendre ce divertissement. Après son départ, le roi de la Grande Tartarie se voyant seul, s’enferma dans son appartement. Il s’assit à une fenêtre qui avoit vue sur le jardin. Ce beau lieu et le ramage d’une infinité d’oiseaux qui y faisoient leur retraite, lui auroient donné du plaisir, s’il eût été capable d’en ressentir ; mais toujours déchiré par le souvenir funeste de l’action infâme