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CONTES ARABES.

bord qu’il eut donné cet ordre, le roi de la Grande Tartarie et lui montèrent à cheval, passèrent incognito au travers du camp, rentrèrent dans la ville et se rendirent au palais qu’occupoit Schahzenan. Ils se couchèrent ; et le lendemain de bon matin, ils s’allèrent placer à la même fenêtre d’où le roi de Tartarie avoit vu la scène des noirs. Ils jouirent quelque temps de la fraîcheur ; car le soleil n’étoit pas encore levé ; et en s’entretenant, ils jetoient souvent les yeux du côté de la porte secrète. Elle s’ouvrit enfin ; et, pour dire le reste en peu de mots, la sultane parut avec ses femmes et les dix noirs déguisés ; elle appela Masoud ; et le sultan en vit plus qu’il n’en falloit pour être pleinement convaincu de sa honte et de son malheur. « O Dieu ! s’écria-t-il, quelle indignité ! quelle horreur ! l’épouse d’un souverain tel que moi, peut-elle être capable de cette infamie ? Après cela, quel prince osera se vanter d’être parfaitement heureux ? Ah ! mon frère, poursuivit-il