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LES MILLES ET UNE NUITS,

» Le lendemain de bon matin, le laboureur vint prendre le bœuf ; il l’attacha à la charrue, et le mena au travail ordinaire. Le bœuf, qui n’avoit pas oublié le conseil de l’âne, fit fort le méchant ce jour-là ; et le soir, lorsque le laboureur l’ayant ramené à l’auge, voulut l’attacher comme de coutume, le malicieux animal, au lieu de présenter ses cornes de lui-même, se mit à faire le rétif, et à reculer en beuglant ; il baissa même ses cornes, comme pour en frapper le laboureur. Il fit enfin tout le manége que l’âne lui avoit enseigné. Le jour suivant, le laboureur vint le reprendre pour le remener au labourage ; mais trouvant l’auge encore remplie des fèves et de la paille qu’il y avoit mises le soir, et le bœuf couché par terre, les pieds étendus, et haletant d’une étrange façon, il le crut malade ; il en eut pitié, et jugeant qu’il seroit inutile de le mener au travail, il alla aussitôt en avertir le marchand.

» Le marchand vit bien que les