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CONTES ARABES.

face contre terre, et leva le sabre pour lui couper la tête.

Cependant le marchand tout en pleurs, et protestant de son innocence, regrettoit sa femme et ses enfans, et disoit les choses du monde les plus touchantes. Le génie, toujours le sabre haut, eut la patience d’attendre que le malheureux eût achevé ses lamentations ; mais il n’en fut nullement attendri. « Tous ces regrets sont superflus, s’écria-t-il ; quand tes larmes seroient de sang, cela ne m’empêcheroit pas de te tuer, comme tu as tué mon fils. » « Quoi ! répliqua le marchand, rien ne peut vous toucher ? Vous voulez absolument ôter la vie à un pauvre innocent ? » « Oui, repartit le génie, j’y suis résolu. » En achevant ces paroles…

Scheherazade, en cet endroit, s’apercevant qu’il étoit jour, et sachant que le sultan se levoit de grand matin pour faire sa prière et tenir son conseil, cessa de parler. « Bon Dieu ! ma sœur, dit alors Dinarzade, que