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CONTES ARABES.

ce, vers lequel nous tournâmes nos pas. C’étoit un palais bien bâti et fort élevé, qui avoit une porte d’ébène à deux battans, que nous ouvrîmes en la poussant. Nous entrâmes dans la cour, et nous vîmes en face un vaste appartement avec un vestibule où il y avoit, d’un côté, un monceau d’ossemens humains, et de l’autre, une infinité de broches à rôtir. Nous tremblâmes à ce spectacle ; et comme nous étions fatigués d’avoir marché, les jambes nous manquèrent : nous tombâmes par terre, saisis d’une frayeur mortelle, et nous y demeurâmes très-long-temps immobiles.

» Le soleil se couchoit ; et tandis que nous étions dans l’état pitoyable que je viens de vous dire, la porte de l’appartement s’ouvrit avec beaucoup de bruit, et aussitôt nous en vîmes sortir une horrible figure d’homme noir, de la hauteur d’un grand palmier. Il avoit au milieu du front un seul œil rouge et ardent comme un charbon allumé ; les dents de devant qu’il avoit fort longues et fort aiguës, lui sor-