Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
113
CONTES ARABES.

près de sa grandeur qui le conduisoient, et d’un assez grand nombre d’autres encore qui marchoient devant lui à pas précipités.

» À cet objet, nous ne balançâmes point à nous jeter sur nos radeaux, et nous commençâmes à nous éloigner du rivage à force de rames. Les géans, qui s’en aperçurent, se munirent de grosses pierres, accoururent sur la rive, entrèrent même dans l’eau jusqu’à la moitié du corps, et nous les jetèrent si adroitement, qu’à la réserve du radeau sur lequel j’étois, tous les autres en furent brisés, et les hommes qui étoient dessus, se noyèrent[1]. Pour moi et mes deux compagnons, comme nous ramions de toutes nos forces, nous nous trouvâmes les plus avancés dans la mer, et hors de la portée des pierres.

» Quand nous fûmes en pleine mer, nous devînmes le jouet du vent et des

  1. Ce conte est une imitation évidente de Polyphème. Voy. l’Odyssée, chant IX.