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LES MILLE ET UNE NUITS,

et si terrible en toutes ses circonstances. Mais tu te l’es attiré par ta maudite avarice. Ah ! malheureux, ne devois-tu pas plutôt demeurer chez toi, et jouir tranquillement du fruit de tes travaux ! »

» Telles étoient les inutiles plaintes dont je faisois retentir la grotte en me frappant la tête et l’estomac de rage et de désespoir, et m’abandonnant tout entier aux pensées les plus désolantes. Néanmoins, (vous le dirai-je ?) au lieu d’appeler la mort à mon secours, quelque misérable que je fusse, l’amour de la vie se fit encore sentir en moi, et me porta à prolonger mes jours. J’allai à tâtons et en me bouchant le nez, prendre le pain et l’eau qui étoient dans ma bière, et j’en mangeai.

» Quoique l’obscurité qui régnoit dans la grotte, fût si épaisse que l’on ne distinguoit pas le jour d’avec la nuit, je ne laissai pas toutefois de retrouver ma bière ; et il me sembla que la grotte étoit plus spacieuse et plus remplie de cadavres,