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LES MILLE ET UNE NUITS,

» À cette découverte, je m’arrêtai quelque temps pour me remettre de l’émotion violente avec laquelle je venois de marcher ; puis m’étant avancé jusqu’à l’ouverture, j’y passai, et me trouvai sur le bord de la mer. Imaginez-vous l’excès de ma joie. Il fut tel, que j’eus de la peine à me persuader que ce n’étoit pas une imagination. Lorsque je fus convaincu que c’étoit une chose réelle, et que mes sens furent rétablis en leur assiette ordinaire, je compris que la chose que j’avois ouïe souffler et que j’avois suivie, étoit un animal sorti de la mer, qui avoit coutume d’entrer dans la grotte pour s’y repaître de corps morts.

» J’examinai la montagne, et remarquai qu’elle étoit située entre la ville et la mer, sans communication par aucun chemin, parce qu’elle étoit tellement escarpée, que la nature ne l’avoit pas rendue pratiquable. Je me prosternai sur le rivage pour remercier Dieu de la grâce qu’il venoit de me faire. Je rentrai ensuite dans la