Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
LES MILLE ET UNE NUITS,

une fois par plusieurs provinces de la Perse et des Indes, et j’arrivai à un port de mer où je m’embarquai sur un bon navire dont le capitaine étoit résolu à faire une longue navigation. Elle fut très-longue à la vérité, mais en même temps si malheureuse, que le capitaine et le pilote perdirent leur route, de manière qu’ils ignoroient où nous étions. Ils la reconnurent enfin ; mais nous n’eûmes pas sujet de nous en réjouir, tout ce que nous étions de passagers ; et nous fûmes un jour dans un étonnement extrême de voir le capitaine quitter son poste en poussant des cris. Il jeta son turban par terre, s’arracha la barbe, et se frappa la tête comme un homme à qui le désespoir a troublé l’esprit. Nous lui demandâmes pourquoi il s’affligeoit ainsi. « Je vous annonce, nous répondit-il, que nous sommes dans l’endroit de toute la mer le plus dangereux. Un courant très-rapide emporte le navire, et nous allons tous périr dans moins d’un quart-d’heure. Priez Dieu qu’il nous