Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
CONTES ARABES.

allez entendre : les éléphans de notre forêt nous font périr chaque année une infinité d’esclaves que nous envoyons chercher de l’ivoire. Quelques conseils que nous leur donnions, ils perdent tôt ou tard la vie par les ruses de ces animaux. Dieu vous a délivré de leur furie, et n’a fait cette grâce qu’à vous seul. C’est une marque qu’il vous chérit, et qu’il a besoin de vous dans le monde pour le bien que vous y devez faire. Vous me procurez un avantage incroyable : nous n’avons pu avoir d’ivoire jusqu’à présent, qu’en exposant la vie de nos esclaves ; et voilà toute notre ville enrichie par votre moyen. Ne croyez pas que je prétende vous avoir assez récompensé par la liberté que vous venez de recevoir ; je veux ajouter à ce don des biens considérables. Je pourrois engager toute la ville à faire votre fortune ; mais c’est une gloire que je veux avoir moi seul. »

» À ce discours obligeant, je répondis : « Patron, Dieu vous conserve ! La liberté que vous m’accordez, suffit