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CONTES ARABES.

plus criminel de tous les hommes. Néanmoins au lieu de m’accabler de justes reproches, il joignit ses pleurs aux miens, et nous pleurâmes ensemble trois jours sans relâche, lui, la perte d’une fille qu’il avoit toujours tendrement aimée, et moi, celle d’une femme qui m’étoit chère, et dont je m’étois privé d’une manière si cruelle, et pour avoir trop légèrement cru le rapport d’un esclave menteur. Voilà, commandeur des croyans, l’aveu sincère que votre Majesté a exigé de moi. Vous savez à présent toutes les circonstances de mon crime, et je vous supplie très-humblement d’en ordonner la punition : quelque rigoureuse qu’elle puisse être, je n’en murmurerai point, et je la trouverai trop légère. »

Le calife fut dans un grand étonnement.

Scheherazade, en prononçant ces derniers mots, s’aperçut qu’il étoit jour : elle cessa de parler. Mais la nuit suivante, elle reprit ainsi son discours :