Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
240
LES MILLE ET UNE NUITS,

spectacle ne fut plus touchant. Enfin, un huissier du palais arriva, qui lui dit que le calife s’impatientoit de n’avoir ni de ses nouvelles, ni de celles de l’esclave noir qu’il lui avoit commandé de chercher. J’ai ordre, ajouta-t-il, de vous mener devant son trône. L’affligé visir se mit en état de suivre l’huissier. Mais comme il alloit sortir, on lui amena la plus petite de ses filles, qui pouvoit avoir cinq ou six ans. Les femmes qui avoient soin d’elle, la venoient présenter à son père, afin qu’il la vît pour la dernière fois.

Comme il avoit pour elle une tendresse particulière, il pria l’huissier de lui permettre de s’arrêter un moment. Alors il s’approcha de sa fille, la prit entre ses bras et la baisa plusieurs fois. En la baisant, il s’aperçut qu’elle avoit dans le sein quelque chose de gros, et qui avoit de l’odeur. « Ma chère petite, lui dit-il, qu’avez-vous dans le sein ? » « Mon cher père, lui répondit-elle, c’est une pomme sur laquelle est écrit le