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LES MILLE ET UNE NUITS,

CXIIe NUIT.

» Bedreddin Hassan, poursuivit le visir Giafar, ayant jeté les yeux particulièrement sur Agib, se sentit aussitôt tout ému sans savoir pourquoi. Il n’étoit pas frappé, comme le peuple, de l’éclatante beauté de ce jeune garçon ; son trouble et son émotion avoient une autre cause qui lui étoit inconnue. C’étoit la force du sang qui agissoit dans ce tendre père, lequel, interrompant ses occupations, s’approcha d’Agib, et lui dit d’un air engageant : « Petit Seigneur, qui m’avez gagné l’âme, faites-moi la grâce d’entrer dans ma boutique et de manger quelque chose de ma façon, afin que pendant ce temps-là j’aie le plaisir de vous admirer à mon aise. » Il prononça ces paroles avec tant de tendresse, que les larmes lui en vinrent aux jeux. Le petit Agib en fut