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LES MILLE ET UNE NUITS,

de bonnes œuvres ? » En disant cela, il fondoit en larmes ; puis recommençant ses plaintes : « Non, reprenoit-il, jamais personne n’a été traité si injustement ni si rigoureusement. Est-il possible qu’on soit capable d’ôter la vie à un homme pour n’avoir pas mis de poivre dans une tarte à la crême ? Que maudites soient toutes les tartes à la crême, aussi bien que l’heure où je suis né ! Plût à Dieu que je fusse mort en ce moment ! »

» Le désolé Bedreddin ne cessa de se lamenter ; et lorsqu’on apporta le poteau et les clous pour l’y clouer, il poussa de grands cris à ce spectacle terrible : « Ô ciel, dit-il, pouvez-vous souffrir que je meure d’un trépas infâme et douloureux ? Et cela pour quel crime ! Ce n’est point pour avoir volé, ni pour avoir tué, ni pour avoir renié ma religion : c’est pour n’avoir pas mis de poivre dans une tarte à la crême ! »

» Comme la nuit étoit alors déjà assez avancée, le visir Schemseddin Mohammed fit remettre Bedreddin