Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/433

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
423
CONTES ARABES.

fus extrêmement étonné. « Vous avez été choqué, sans doute, me dit-il, de me voir manger de la main gauche ; mais jugez si j’ai pu faire autrement. » « Peut-on vous demander, repris-je, par quel malheur vous avez perdu votre main droite ? » Il versa des larmes à cette demande ; et après les avoir essuyées, il me conta son histoire, comme je vais vous la raconter :

« Vous saurez, me dit-il, que je suis natif de Bagdad, fils d’un père riche, et des plus distingués de la ville par sa qualité et par son rang. À peine étois-je entré dans le monde, que fréquentant des personnes qui avoient voyagé, et qui disoient des merveilles de l’Égypte, et particulièrement du grand Caire, je fus frappé de leurs discours, et j’eus envie d’y faire un voyage ; mais mon père vivoit encore, et il ne m’en auroit pas donné la permission. Il mourut enfin, et sa mort me laissant maître de mes actions, je résolus d’aller au Caire. J’employai une très-grosse somme