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LES MILLE ET UNE NUITS,

vai en effet sa maîtresse qui m’attendoit dans la boutique d’un changeur où elle étoit assise.

» Elle me fit asseoir auprès d’elle, et prenant la parole : « Mon cher Seigneur, me dit-elle, ne soyez pas surpris que je vous aie quitté un peu brusquement ; je n’ai pas jugé à propos devant ce marchand, de répondre favorablement à l’aveu que vous m’avez fait des sentimens que je vous ai inspirés. Mais bien loin de m’en offenser, je confesse que je prenois plaisir à vous entendre, et je m’estime infiniment heureuse d’avoir pour amant un homme de votre mérite. Je ne sais quelle impression ma vue a pu faire d’abord sur vous ; mais pour moi, je puis vous assurer qu’en vous voyant, je me suis senti de l’inclination pour vous. Depuis hier, je n’ai fait que penser aux choses que vous me dîtes, et mon empressement à vous venir chercher si matin, doit bien vous prouver que vous ne me déplaisez pas. » « Madame, repris-je, transporté d’amour et de