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CONTES ARABES.

fatale, je vous la donne, et je suis très-fâché du malheur qui vous est arrivé. » En achevant ces paroles, il me quitta ; et comme j’étois très-foible à cause du sang que j’avois perdu, quelques honnêtes gens du quartier eurent la charité de me faire entrer chez eux, et de me faire boire un verre de vin. Ils pansèrent aussi mon bras, et mirent ma main dans un linge, que j’emportai avec moi attachée à ma ceinture.

» Quand je serois retourné au khan de Mesrour dans ce triste état, je n’y aurois pas trouvé le secours dont j’avois besoin. C’étoit aussi hasarder beaucoup que d’aller me présenter à la jeune dame. « Elle ne voudra peut-être plus me voir, dis-je, lorsqu’elle aura appris mon infamie. » Je ne laissai pas néanmoins de prendre ce parti ; et afin que le monde qui me suivoit, se lassât de m’accompagner, je marchai par plusieurs rues détournées, et me rendis enfin chez la dame, où j’arrivai si foible et si fatigué, que je me jetai sur le sofa, le