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CONTES ARABES.

rendue si foible, qu’à peine pouvois-je marcher. J’arrivai néanmoins au logis ; mais je tombai une seconde fois en foiblesse, en entrant dans ma chambre. Cependant la vieille m’appliqua son remède ; je revins à moi, et me mis au lit.

» La nuit venue, mon mari arriva ; il s’aperçut que j’avois la tête enveloppée ; il me demanda ce que j’avois. Je répondis que c’étoit un mal de tête, et j’espérois qu’il en demeureroit là ; mais il prit une bougie, et voyant que j’étois blessée à la joue : « D’où vient cette blessure, me dit-il ? » Quoique je ne fusse pas fort criminelle, je ne pouvois me résoudre à lui avouer la chose : faire cet aveu à un mari, me paroissoit choquer la bienséance. Je lui dis que comme j’allois acheter une étoffe de soie, avec la permission qu’il m’en avoit donnée, un porteur chargé de bois avoit passé si près de moi dans une rue fort étroite, qu’un bâton m’avoit fait une égratignure au visage, mais que c’étoit peu de chose.