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CONTES ARABES.

après ce qui m’est arrivé aujourd’hui, je ne puis me résoudre à demeurer davantage en cette ville. Je prétends aller où ma mauvaise fortune me voudra conduire. » Effectivement, dès que je fus guéri, je pris tout l’argent dont je crus avoir besoin pour voyager ; et du reste de mon bien, j’en fis une donation à mes parens.

» Je partis donc de Bagdad, Seigneurs, et je suis venu jusqu’ici. J’avois lieu d’espérer que je ne rencontrerois point ce pernicieux barbier dans un pays si éloigné du mien ; et cependant je le trouve parmi vous. Ne soyez donc point surpris de l’empressement que j’ai à me retirer. Vous jugez bien de la peine que me doit faire la vue d’un homme qui est cause que je suis boiteux, et réduit à la triste nécessité de vivre éloigné de mes parens, de mes amis et de ma patrie. » En achevant ces paroles, le jeune boiteux se leva et sortit. Le maître de la maison le conduisit jusqu’à la porte, en lui témoignant le déplaisir qu’il avoit de lui avoir don-