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CONTES ARABES.

avoit cousu les chemises et les caleçons. Au sortir de chez le meûnier, il vint me prier de lui prêter de quoi vivre, en me disant qu’on ne le payoit pas. Je lui donnai quelques monnoies que j’avois dans ma bourse, et cela le fit subsister durant quelques jours : il est vrai qu’il ne vivoit que de bouillie, et qu’encore n’en mangeoit-il pas tout son soûl.

» Un jour il entra chez le meûnier, qui étoit occupé à faire aller son moulin, et qui croyant qu’il venoit demander de l’argent, lui en offrit ; mais la jeune esclave qui étoit présente, lui fit encore un signe qui empêcha d’en accepter, et le fit répondre au meûnier qu’il ne venoit pas pour cela, mais seulement pour s’informer de sa santé. Le meunier l’en remercia, et lui donna une robe de dessus à faire. Bacbouc la lui rapporta le lendemain. Le meûnier tira sa bourse ; la jeune esclave ne fit en ce moment que regarder mon frère : « Voisin, dit-il au meûnier, rien ne presse ; nous compterons une autre