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CONTES ARABES.

» Comme il sortoit du logis, deux aveugles de ses camarades qui passoient, le reconnurent à sa voix. Ils s’arrêtèrent pour lui demander ce qu’il avoit. Il leur conta ce qui lui étoit arrivé ; et après leur avoir dit que toute la journée il n’avoit rien reçu : « Je vous conjure, ajouta-t-il, de m’accompagner jusque chez moi, afin que je prenne devant vous quelque chose de l’argent que nous avons tous trois en commun, pour m’acheter de quoi souper. » Les deux aveugles y consentirent, il les mena chez lui.

» Il faut remarquer que le maître de la maison où mon frère avoit été si maltraité, étoit un voleur, homme naturellement adroit et malicieux. Il entendit par sa fenêtre ce que Bakbac avoit dit à ses camarades ; c’est pourquoi il descendit, les suivit et entra avec eux dans une méchante maison où logeoit mon frère. Les aveugles s’étant assis, Bakbac dit : « Frères, il faut, s’il vous plaît, fermer la porte, et prendre garde s’il n’y a pas ici quelqu’étranger avec nous. » À ces