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LES MILLE ET UNE NUITS,

voyant ma belle-mère, elle prendra un verre de vin, et le mettant à la main de sa fille, mon épouse : » Allez, lui dira-t-elle, présentez-lui vous-même ce verre de vin ; il n’aura peut-être pas la cruauté de le refuser d’une si belle main. » Ma femme viendra avec le verre, demeurera debout et toute tremblante devant moi. Lorsqu’elle verra que je ne tournerai point la vue de son côté, et que je persisterai à la dédaigner, elle me dira, les larmes aux jeux : « Mon cœur, ma chère ame, mon aimable Seigneur, je vous conjure par les faveurs dont le ciel vous comble, de me faire la grâce de recevoir ce verre de vin de la main de votre très-humble servante. » Je me garderai bien de la regarder encore, et de lui répondre. « Mon charmant époux, continuera-t-elle en redoublant ses pleurs et en m’approchant le verre de la bouche, je ne cesserai pas que je n’aie obtenu que vous buviez. » Alors, fatigué de ses prières, je lui lancerai