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CONTES ARABES.

une oie à la sauce douce, accommodée avec du vinaigre, du miel, des raisins secs, des pois chiches, et des figues sèches ; ce qui fut apporté comme le plat de viande de mouton. « L’oie est bien grasse, dit le Barmecide, mangez-en seulement une cuisse et une aile. Il faut ménager votre appétit, car il nous revient encore beaucoup d’autres choses.» Effectivement, il demanda plusieurs autres plats de différentes sortes, dont mon frère, en mourant de faim, continua de faire semblant de manger. Mais ce qu’il vanta plus que tout le reste, fut un agneau nourri de pistaches qu’il ordonna qu’on servît, et qui fut servi de même que les plats précédens. « Oh, pour ce mets, dit le seigneur Barmecide, c’est un mets dont on ne mange point ailleurs que chez moi ! Je veux que vous vous en rassasiez. » En disant cela, il fit comme s’il eût eu un morceau à la main, et rapprochant de la bouche de mon frère : « Tenez, lui dit-il, avalez cela : vous allez juger si j’ai tort de vous vanter