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LES MILLE ET UNE NUITS,

dit le Barmecide ; et en cela, comme en tout ce qui se fait dans ma maison, rien n’est épargné. » Il excita encore mon frère à manger : « Pour un homme, poursuivit-il, qui étiez encore à jeun lorsque vous êtes entré ici, il me paroît que vous n’avez guère mangé. » « Seigneur, lui repartit mon frère, qui avoit mal aux mâchoires à force de mâcher à vuide, je vous assure que je suis tellement rempli, que je ne saurois manger un seul morceau de plus. »

« Mon hôte, reprit le Barmecide, après avoir si bien mangé, il faut que nous buvions[1]. Vous boirez bien du vin ? » « Seigneur, lui dit mon frère, je ne boirai pas de vin, s’il vous plaît, puique cela m’est défendu. » « Vous êtes trop scrupuleux, répliqua le Barmecide : faites comme moi. » « J’en boirai donc par complaisance, repartit Schacabac. À ce que je vois, vous voulez que rien ne manque à votre

  1. Les Orientaux, et particulièrement les Mahométans, ne boivent qu’après le repas.