le dessein de faire ce pélerinage à la faveur de leurs charités. Par malheur, la caravane fut attaquée et pillée par un nombre de Bedouins[1] supérieur à celui des pèlerins. Mon frère se trouva esclave d’un Bedouin qui lui donna la bastonnade pendant plusieurs jours pour l’obliger à se racheter. Schacabac lui protesta qu’il le maltraitoit inutilement. « Je suis votre esclave, lui disoit-il, vous pouvez disposer de moi à votre volonté ; mais je vous déclare que je suis dans la dernière pauvreté, et qu’il n’est pas en mon pouvoir de me racheter. » Enfin, mon frère eut beau lui exposer toute sa misère, et tâcher de le fléchir par ses larmes, le Bedouin fut impitoyable ; et de dépit de se voir frustré d’une somme considérable sur laquelle il avoit compté, il prit son couteau et lui fendit les lèvres pour se venger, par cette inhuma-
- ↑ Les Bedouins sont des Arabes errans dans les déserts, qui pillent les caravanes quand elles ne sont pas assez fortes pour leur résister.