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CONTES ARABES.

retira promptement pour qu’elle s’assît. Ensuite l’ayant saluée en baisant le tapis à ses pieds, il se releva et demeura debout devant elle au bas du sofa. Comme elle en usoit librement chez Ebn Thaher, elle ôta son voile, et fit briller aux yeux du prince de Perse une beauté si extraordinaire, qu’il en fut frappé jusqu’au cœur. De son côté, la dame ne put s’empêcher de regarder le prince, dont la vue fit sur elle la même impression. « Seigneur, lui dit-elle d’un air obligeant, je vous prie de vous asseoir. » Le prince de Perse obéit, et s’assit sur le bord du sofa. Il avoit toujours les yeux attachés sur elle, et il avaloit à longs traits le doux poison de l’amour. Elle s’aperçut bientôt de ce qui se passoit en son ame ; et cette découverte acheva de l’enflammer pour lui. Elle se leva, s’approcha d’Ebn Thaher, et après lui avoir dit tout bas le motif de sa venue, elle lui demanda le nom et le pays du prince de Perse. « Madame, lui répondit Ebn Thaher, ce jeune seigneur dont