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LES MILLE ET UNE NUITS,

» Ravi d’une si bonne fortune, je donnai ordre à mes gens de nous apporter plusieurs sortes de fruits et des bouteilles de vin. Nous fûmes servis promptement, nous mangeâmes, nous bûmes, nous nous réjouîmes jusqu’à minuit ; enfin, je n’avois point encore passé de nuit si agréablement que je passai celle-là. Le lendemain matin, je voulus mettre dix scherifs dans la main de la dame ; mais elle la retira brusquement. « Je ne suis pas venue vous voir dans un esprit d’intérêt, et vous me faites une injure. Bien loin de recevoir de l’argent de vous, je veux que vous en receviez de moi, autrement je ne vous reverrai plus. » En même temps elle tira dix scherifs de sa bourse, et me força de les prendre. « Attendez-moi dans trois jours, me dit-elle, après le coucher du soleil. » À ces mots, elle prit congé de moi ; et je sentis qu’en partant, elle emportoit mon cœur avec elle.

» Au bout de trois jours, elle ne manqua pas de venir à l’heure mar-