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LES MILLE ET UNE NUITS,

doit-on s’en prendre à nous ? Qu’on s’en prenne à la destinée ! »

Schemselnihar laissa si bien connoître dans ses yeux et par ses gestes, que ces paroles devoient s’appliquer à elle et au prince de Perse, qu’il ne put se contenir. Il se leva à demi, et s’avançant par-dessus le balustre qui lui servoit d’appui, il obligea une des compagnes de la femme qui venoit de chanter de prendre garde à son action. Comme elle étoit près de lui : « Écoutez-moi, lui dit-il, et me faites la grâce d’accompagner de votre luth la chanson que vous allez entendre. » Alors il chanta un air dont les paroles tendres et passionnées exprimoient parfaitement la violence de son amour. D’abord qu’il eut achevé, Schemselnihar suivant son exemple, dit à une de ses femmes : « Écoutez-moi aussi, et accompagnez ma voix. » En même temps, elle chanta d’une manière qui ne fit qu’embraser davantage le cœur du prince de Perse, qui ne lui répondit que par un nouvel air encore plus passionné