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CONTES ARABES.

de m’empêcher de vous aimer. » En achevant ces mots, il laissa couler des larmes en abondance, et Schemselnihar ne put retenir les siennes.

Ebn Thaher prit ce temps-là pour parler à la favorite. « Madame, lui dit-il, permettez-moi de vous représenter qu’au lieu de fondre en pleurs, vous devriez avoir de la joie de vous voir ensemble. Je ne comprends rien à votre douleur. Que sera-ce donc, lorsque la nécessité vous obligera de vous séparer ? Mais, que dis-je, vous obligera ? Il y a long-temps que nous sommes ici ; et vous savez, madame, qu’il est temps que nous nous retirions. » « Ah, que vous êtes cruel, repartit Schemselnihar ! Vous qui connoissez la cause de mes larmes, n’auriez-vous pas pitié du malheureux état où vous me voyez ? Triste fatalité ! Qu’ai-je commis pour être soumise à la dure loi de ne pouvoir jouir de ce que j’aime uniquement ? »

Comme elle étoit persuadée qu’Ebn Thaher ne lui avoit parlé que par amitié, elle ne lui sut pas mauvais