toit pas encore revenue de son évanouissement, quelque soulagement qu’on eût tâché de lui apporter. Le calife étoit assis près d’elle, avec toutes les marques d’une véritable douleur ; il demandoit à toutes les femmes et à moi particulièrement, si nous n’avions aucune connoissance de la cause de son mal ; mais nous gardâmes le secret, et nous lui dîmes toute autre chose que ce que nous n’ignorions pas. Nous étions cependant toutes en pleurs de la voir souffrir si long-temps, et nous n’oubliions rien de tout ce que nous pouvions imaginer pour la secourir. Enfin, il étoit bien minuit lorsqu’elle revint à elle. Le calife, qui avoit eu la patience d’attendre ce moment, en témoigna beaucoup de joie, et demanda à Schemselnihar d’où ce mal pouvoit lui être venu. Dès qu’elle entendit sa voix, elle fit un effort pour se mettre sur son séant ; et après lui avoir baisé les pieds avant qu’il pût l’en empêcher : « Sire, dit-elle, j’ai à me plaindre du ciel de ce qu’il ne m’a pas
Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/302
Cette page a été validée par deux contributeurs.
294
LES MILLE ET UNE NUITS,