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LES MILLE ET UNE NUITS,

m’empêcher de vous adorer après toutes les marques que vous me donnez d’un amour si peu commun ! Oui, je vous aime, ma chère ame, et ferai gloire de brûler toute ma vie du beau feu que vous avez allumé dans mon cœur. Je ne me plaindrai jamais de la vive ardeur dont je sens qu’il me consume ; et quelque rigoureux que soient les maux que votre absence me cause, je les supporterai constamment, dans l’espérance de vous voir un jour. Plût à Dieu que ce fût dès aujourd’hui, et qu’au lieu de vous envoyer ma lettre, il me fût permis d’aller vous assurer que je meurs d’amour pour vous ! Mes larmes m’empêchent de vous en dire davantage. Adieu. »

Ebn Thaher ne put lire ces dernières lignes sans pleurer lui-même. Il remit la lettre entre les mains du prince de Perse, en l’assurant qu’il n’y avoit rien à corriger. Le prince la ferma, et quand il l’eut cachetée : « Je vous prie de vous approcher, dit-il à la confidente de Schemselni-